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Photo du rédacteurLouise Parent

Et toi, tu en es où avec le handicap ?


À l’occasion de cette journée mondiale pour les personnes handicapées, on a voulu s’interroger nous aussi, sur le handicap. S’il peut être moteur, mental, sensoriel ou encore psychique le handicap est quelque chose de présent dans la société mais c’est aussi un élément avec lequel nous n’avons pas tous le même rapport. À l’heure d’une société qui mise tout sur l’inclusive, on s’est demandé où on en était réellement, en France, avec le handicap en 2019.



Dans le monde du travail


C’est un milieu qui peut se montrer rude que tu sois handicapé ou non : des collègues pas toujours bienveillants, une ambiance pas forcément bon enfant, un boss lunatique… Mais lorsqu’on souffre d’un handicap, on peut encore plus facilement souffrir de discrimination injuste, qu’il faut pouvoir gérer si on veut continuer à travailler. L’Etat, conscient de la mise à l’écart qui peut peser sur les personnes atteintes de handicap, essaie de mettre des mesures en place afin de favoriser, par exemple, leur embauche. C’est pourquoi, tout employeur d’au moins 20 salariés se doit d’ avoir au moins 6% de personnes handicapées sur l’effectif total. Si sur le papier c’est une bonne chose, il reste néanmoins difficile de savoir ce qu’il en est sur le terrain.


Cependant, certains secteurs s’engagent plus que d’autres, notamment l’informatique et les télécoms, grâce à des formations particulières afin de s’adapter au mieux aux besoins spécifiques de certains profils. Le secteur de l’audit et du conseil recrute aussi dans ce sens. Dans ces secteurs, si le candidat a les qualifications requises, il ne sera normalement pas plus freiné ou traité différemment qu’un candidat valide – ce qui devrait être normal pour toute entreprise... Arrive ensuite le secteur de la grande distribution qui recrute en continu et est constamment à la recherche de nouvelles personnalités. On demande au candidat d’avoir le sens du relationnel et du commerce pour gravir petit à petit les échelons. Ces milieux sont parmi ceux qui recrutent le plus de personnes en situation de handicap car les missions peuvent plus facilement s’adapter au profil de chacun.


L’accessibilité au travail pour tous est un des piliers fondamentaux pour un équilibre sain au travail et éviter tout pointage du doigt envers une personne handicapée : donner à chacun et chacune une accessibilité et une considération égale, où chaque personne serait traitée de la même façon. Une chance égale de réussite professionnelle, de reconnaissance, de sociabilité…


Pour les personnes en situation de handicap mental, il est aussi compliqué de pouvoir évoluer dans la société, et occuper pleinement son rôle de citoyen. Le monde du travail a, par exemple, beaucoup de mal à ouvrir des postes où les handicaps mentaux et psychiques sont compatibles avec les tâches demandées. Une absence d’accompagnement adapté et une forte désinformation sont à la base de ce problème. En empêchant ces personnes de travailler et d’interagir avec le monde, on les prive aussi de leur citoyenneté, les reléguant au rang de citoyen de seconde zone parce qu’ils n’entrent pas dans une norme, une classe dominante, pour et par laquelle tout est régi.


On se souvient très bien de Mélanie, jeune femme atteinte de trisomie 21 qui avait récolté suffisamment de « likes » sur un défi lancé sur les réseaux sociaux pour présenter la météo de France 2. S’il est regrettable que cet événement soit isolé et ne relève pas de la normalité, le message derrière cette action était plus grand et inspirant. Selon un porte-parole de l’Unapei, association qui regroupe des personnes handicapées mentales et leurs familles, il faut démontrer que « ces personnes peuvent exprimer le meilleur de leurs capacités si elles sont accompagnées ». Et tout l’enjeu est là.



Dans la vie de tous les jours


Quotidiennement, vivre avec un handicap, peut devenir une pénalité extrême au quotidien, surtout quand autour de vous tout ou presque est pensé pour des personnes « normales ». Cela ne fait que pointer d’avantage ta différence.


On pense notamment aux transports en commun dans les grandes villes. Le plan de métro pour personnes valides et celui pour personnes en fauteuil n’ont rien à voir : en fauteuil, c’est 9 stations sur les 300 du réseau qui sont accessibles. Cependant, 90% des bus parisiens et de banlieues sont accessibles à l’aide de rampes qui sortent et rentrent lorsque le chauffeur les actionne. Mais pourquoi ne se contenter que de certains bus et dans certaines villes alors que tous peuvent être équipés pour éviter toute situation de gène…


Pour les personnes mal ou non-voyantes, très peu de choses sont adaptées à partir du moment où ils franchissent le pas de leur porte. Même si les passages piétons sont parfois équipées de signaux sonores et de relief spécifique au sol, est-ce suffisant ? Une fois arrivé dans le supermarché on peine à imaginer comment reconnaitre les produits, choisir ses achats, passer en caisse, etc. Des choses quotidiennes qui en tant que personnes valides nous semblent anodines mais qui peuvent relever d’un véritable parcours du combattant lorsqu’on ne fait pas partie de « la majorité».


On ne parle pas non plus des transports en commun qui s’avèrent être une vraie partie de labyrinthe. Pourquoi ? Car leur canne ne les informe pas si la voie qu’ils souhaitent emprunter mène à la sortie ou simplement à une autre ligne de métro…



À l’école


Tout commence dès le plus jeune âge, à l’école, lors des premières interactions, des moments qui peuvent marquer pour le reste de la vie et qui participent grandement à la construction de la personnalité de l’adulte que l’enfant deviendra. Si les enfants sont réputés pour être spontanés, ils sont aussi reconnus pour ne pas être tendres envers leurs camarades.


Si depuis 1991, des « classes pour l’inclusion scolaire », CLIS, existent, elles ont évolué en 2015 en ULIS, « unités localisées pour l’inclusion scolaire ». Le but : que les élèves porteurs de handicap soient scolarisés dans de petites unités de 12 élèves maximum, encadrés par des enseignants spécialement formés. Pour certains cours, ils sont intégrés à une classe ordinaire, tout en étant accompagnés en fonction des besoins de chacun.


Mais toutes ces initiatives de plus en plus présentes dans l’encadrement scolaire ne restent-elles pas un moyen de montrer ces enfants comme « différents » ? De nombreuses questions se posent et les réponses apportées semblent être insuffisantes : les enseignants se plaignent depuis des années d’un manque de moyens et de formation, de dysfonctionnements, qui les empêchent de servir au mieux l’intérêt de tous les élèves.



En 2019, Mattel annonce la sortie de deux nouvelles Barbies : l’une en fauteuil roulant et l’autre amputée d’une jambe. Une belle avancée et un message d’espoir pour une société plus inclusive. Certes, l’inclusivité devient un crédo qui paie pour les marques, ce n’est donc pas forcement par pure éthique que les choses changent mais cela reste une bonne nouvelle : l’opinion change et les marques prennent conscience que, sans changer leur manière de concevoir et proposer de nouveaux produits plus représentatifs de la société, elles sont vouées à un échec à plus ou moins proche échéance. Une bonne nouvelle alors avec Barbie destinée aux plus petits et qui pourrait participer, en partie, à une nouvelle éducation et ouverture au monde.


Ce qu’on espère chez W.A.M, c’est que d’ici peu, nous ne soyons plus forcés de créer des journées spéciales pour prendre conscience que certaines personnes peuvent être « différentes » d’une manière physique ou non. Pour nous, cela ne fait que pointer davantage une différence alors que nous devrions être tous logés à la même enseigne. Etre considéré de la même façon, tout en ne gommant pas nos différences mais en vivant en harmonie avec une société avertie et qui sait s’adapter.



On est sûr que si la société évolue de plus en plus pour casser les stéréotypes et les schémas en place depuis bon nombre d’années, et que si on s’y met tous ensemble, qu’on en parle, qu’on se questionne et qu’on se sensibilise chacun à notre échelle, on y arrivera !



By Louise Parent

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