S’il y a bien une pièce que l’on a tous et toutes dans nos dressings, c’est le jeans. Déclinable à l’infini, du « skinny » à la coupe droite, en passant par le bootcut, et le « boyfriend », il se veut parfois troué, bariolé, strassé, aux finitions soignées. Il y en a pour tous les goûts, tous les budgets et ce, depuis son invention tel qu’on le connait aujourd’hui.
Mais qui est vraiment le jeans qui sommeille dans ton armoire ? D’où vient-il et comment s’est-il retrouvé dans ta pile de fringues, à attendre sagement que tu le choisisses un matin pressé où tu te diras « Super, au moins, ça va avec tout », l’enfilant le plus vite possible, attrapant tes clés au passage et claquant la porte car tu es déjà en retard ? Aujourd’hui, on te propose un petit retour sur l’histoire du jeans.
On commence au XVIème siècle, à Gênes, en Italie, où la marine de la ville eut l’idée de se servir, pour les voiles des bateaux ainsi que pour habiller les marins, d’une toile à base de coton et de lin, assez résistante pour les contraintes de leur profession. Puis, l’Italie décide d’exporter ce tissu dans le reste de l’Europe. Une fois arrivé en Angleterre, sa fonction reste fidèle à celle de l’Italie. Mais lorsque le tissu arrive en France, c’est une autre histoire.
C’est à Nîmes qu’on va essayer de le reproduire afin de pouvoir lancer une production made in France. Les essais n’étant pas une franche réussite, on décide au XVIIème siècle de créer un autre tissu aux propriétés similaires : un sergé à base de laine et soie. Tu vois où on veut en venir ? Le mot « Denim » vient finalement de la contraction de : « De Nîmes » et est initialement une toile beige et résistante.
Mais qu’en est-il du jeans en lui-même, celui qu’on utilise tous aujourd’hui ? Et bien il serait issu de la première collab de l’histoire du vêtement. Une rencontre aux Etats-Unis, entre Levi Strauss, un industriel qui vend des tissus, et Jacob Davis, un tailleur. En 1870, Jacob Davis conçoit des pantalons résistants pour les bûcherons, à partir un tissu fournit par Levi Strauss : une toile de laine et de lin brune. Ce tissus brun sera par la suite modifié, afin d’être composé uniquement de coton et teint en indigo pour le rendre moins salissant. L’idée de génie de Davis ? Apposer des rivets en cuivre aux endroits où les vêtements ont tendance à se déchirer dû aux nombreux mouvements exécutés par les ouvriers et leurs difficiles conditions de travail.
À ce moment là, nombre de travailleurs misent alors sur le jeans. Des cow-boys aux chercheurs d’or, ils l’adoptent tous pour son extrême solidité ; une pièce pensée pour durer presque une vie entière. Pour lutter contre les nombreuses copies, Davis et Levi-Strauss s’unissent pour breveter leur jeans à poches rivetées, en 1873, sous le nom de la marque Levi Strauss & Co. Le jean Levi’s Strauss voit alors apparaître une double surpiqûre de fil orange sur ses poches et un patch en cuir à la ceinture, preuves d’authenticité.
Depuis cette époque, notre jeans n’a lui, pas beaucoup changé. Si en 1926 le premier modèle avec braguette zippée par Lee est né, c’est en 1934 seulement que le premier jeans pour femme arrive, près de 70 ans après le modèle masculin... Puis, le jeans devient un objet de désir, signe d’appartenance sociale. Durant les années 50 aux USA, les films de cowboys ont la cote et entrainent donc un déferlement pour le jeans : Tout le monde veut son jeans, à la manière de John Wayne dans Rio Grande. Le fan club de James Dean, qui l’a admiré dans « La fureur de vivre » est aussi conquis. Les stars influencent le public et deviennent source d’économie. Attention, souvent associé dans les films à des « bad boys », le port du jeans sera interdit dans certains lycées des Etats-Unis car associé au symbole d’une génération de blousons noirs, « de voyous ».
Avec la révolution sexuelle dans les années 60, les femmes obtiennent leur jeans identique à celui de l’homme braguette zippée sur le devant. Les personnalités sont, elles aussi, nombreuses à l’adopter. On y compte notamment Brigitte Bardot, Serge Gainsbourg ou encore Jane Birkin. Son design évolue aussi sous l’impulsion du mouvement hippie : il se pare de broderies, perles, se fait effiloché, et change parfois de couleurs. En bref, l’ère de la personnalisation est ouverte. Les années 70 feront même évoluer la coupe du modèle en allant vers des formes « pattes d’eph ».
Arrive ensuite l’art moderne et l’influence des artistes tels qu’Andy Warhol ou Peter Blake qui considèreront le tissu comme une toile et n’hésiteront pas à le peindre pour le faire devenir rouge, blanc, noir… Les jeans deviennent alors, petit à petit, un basique déclinable en mille et une façons.
Mais la surprise se fait quand il est adopté par les couturiers. En 1972, Marithé et François Girbaud inventent le « stone wash », procédé permettant de délaver le jeans à la pierre ponce pour lui donner une allure de vieillissement naturel. Ils lancent le baggy à une époque où l’on ne jure que par le pantalon cigarette et bien ajusté. Ils seront suivis par nombre de maisons de luxe qui décident alors d’intégrer pleinement le jeans à leurs collections, le sortant alors de son rôle subversif, jusqu’ici presque uniquement considéré comme contestataire. Le jeans devient luxe avec Calvin Klein, Jean Paul Gaultier ou Chanel.
Depuis, sa production à plus grande échelle, le jeans est devenu plus qu’un vêtement, c’est un symbole qui continue encore aujourd’hui d’évoluer, s’érigeant comme un mouvement, un mode de pensée, un indispensable dans tous les vestiaires. De la vague hip-hop aux Etats-Unis dans les années 70 avec le baggy aux années 90 et son mouvement grunge porté par Kurt Cobain, ses jeans déchirés, malmenés, le jeans est une pièce qui ne demande qu’à être personnalisée, retravaillée pour pouvoir se l’approprier pleinement sans perdre son caractère original.
Résolument moderne, le jeans est appelé à ne jamais se démoder car toujours enclin à la transformation, la personnalisation et l’évolution, comme il nous le démontre encore en 2015 avec Kaporal et son jeans connecté, équipé d’un QR code, permettant de relier ses acquéreurs entre eux grâce à la carte de visite digitale dont sont équipés les pièces. Et depuis le mois d’octobre, Amazon Fashion lance « Destination Denim » où chacun peut trouver le jean de ses rêves de manière facile et ludique. Alors que tu sois adepte du modèle droit, skinny, baggy, flare… des colorés ou des brutes, n’aies aucun doute, ton jeans ne se démodera pas de si tôt.
By Léa Petit
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