Qu’on se le dise : côté influenceuses et réseaux sociaux, on est plutôt calées. Comme toi, on scroll notre feed Instagram plusieurs fois par jour (et on n’ose même pas te dire combien d’heures on y passe au quotidien), on connaît les noms de toutes les influenceuses qui cartonnent, en France comme à l’étranger, et on a même notre petite liste des filles qui, selon nous, vont percer dans le YouTube game, dans l’Instagram game, bref, dans l’industrie de l’influence.
Mais si tout le monde en parle, peu de gens connaissent tous les méandres de l’influence. Tu en as peut-être déjà entendu parler, mais suis-tu ces influenceuses un peu spéciales, tu sais, celles qui comptabilisent des milliers voire des millions d’abonnés alors qu’elles n’existent tout simplement pas? Celles qui ont déjà concrétisé des partenariats de folie et des campagnes publicitaires à foison, alors qu’elles ont été créées de toute pièce ? Enfin, celles qui ne souffriront jamais totalement de cyber harcèlement et que tu ne risques pas de croiser un jour dans la rue ou dans les rayons du Zara de ta ville ?
On veut bien entendu parler ici des influenceuses virtuelles, des robots déguisés en panneaux publicitaires. Qui sont-elles vraiment, et que doit-on en penser ?
Lil Miquela a 19 ans et vit à Los Angeles. Elle comptabilise à ce jour plus d’1,5 millions d’abonnés sur son compte Instagram. Elle aime la mode, écouter de la musique avec ses amis, manger des glaces et trainer sur internet. Mais Miquela n’existe pas, seule son image hyper réaliste et superbement design permettent de faire vivre un compte certifié, et de mettre en valeur les nouveautés de marques textiles, de Tommy Hilfiger à Prada. Elle avait d’ailleurs animé les réseaux sociaux de la maison italienne et plus particulièrement son compte Instagram lors de son dernier défilé automne/hiver. Pratique : même plus besoin de réserver de premier rang, Lil Miquela était un niveau au-dessus, observant la collection en direct du cosmos. Ou des tréfonds d’internet.
Mais Lil Miquela, tu t’en doutes bien, n’est bien entendu pas seule. Elle a dans son cercle très fermé d’amis virtuels Blawko (enfin un robot homme), 136 000 abonnés, un Instagrammeur qui possède également… une chaîne Youtube. Non tu ne rêves pas, et le pire, c’est qu’elle est très souvent approvisionnée de contenu.
Et Shudu Gram, tu connais ? L’influenceuse virtuelle a un métier : elle est mannequin. Suivie par plus de 157 000 personnes, Shudu possède elle aussi un compte certifié : reste à savoir sur quoi Instagram décide de se baser pour vérifier l’identité d’une personne, mais ça, c’est un autre débat !
Shudu pose pour les plus grands, rendant hommage à Dior, posant pour Vogue Arabia ou Australia, ou portant du Balmain. Rien n’est trop beau pour la prouesse technologique qu’est Shudu.
Derrière ces influenceuses virtuelles bien entendu se cachent de vrais humains. Qui sont-ils ? Des génies de l’informatique, des éditeurs de jeux vidéos, des virtuoses de boîtes de prod, souvent américaines, parfois japonaises, qui ont bien compris le filon, et qui utilisent leurs compétences pour participer à un marché fructueux, voire juteux ! En juillet dernier, le frenchy Eddy de Pretto pose avec Pearl, un robot dont la description Instagram est « born and raised in the internet » (est née et grandi sur internet). Les influenceuses virtuelles ont donc franchi la barrière de la musique.
Il faut savoir que les influenceuses virtuelles ont tout des plus grandes influenceuses virtuelles : elles possèdent une équipe dédiée, qui gère les contrats, le business, les partenariats, les placements de produits et l’argent coule à flot. Et pour les marques ? Un parti pris clair, qui permet de prouver à toute une génération de millennials que la marque est 100% digitale, et donc 100% dans l’air du temps (en raccourci : hautement désirable). Après tout, a-t-on vraiment besoin d’être humain en 2019 pour inciter les gens à acheter un produit, ou de payer pour un service ? Pas sûr…
Mais une chose est sûre, derrière cet aspect marrant et impressionnant de ces personnages fortement influencés par la culture nippone et les mangas, ces personnages tellement bien réalisés qu’il faut parfois s’y reprendre à deux fois avant d’être persuadé que cette influenceuse est bel et bien fake, se cache un sentiment : La peur. Car oui, tout ça fait peur, et on est en droit de se demander si les nouvelles générations cherchent justement à s’identifier à des robots. Le monde est-il devenu si froid que le contact humain n’a plus aucune importance ? A une époque où le sentiment de solitude est plus fort qu’à n’importe quelle autre époque, n’est-il pas risqué de proposer des modèles… qui n’existent pas ? Autant de questions qui nous font juste nous dire que les influenceurs virtuels font froid dans le dos. A part s’ils peuvent aller au travail à notre place quand on est malade, mais ça, on en est bien moins sûr !
By Lily
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